Aller au contenu

Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
RACINE.

Ce qui est à retenir dans ces amitiés de jeunesse, c’est l’influence que Boileau prit très vite sur Racine. Extrêmement sensible à la critique, Racine était prompt au découragement. Boileau le soutenait, en attendant de lui adresser sa fameuse épître « sur l’utilité des ennemis ». Du reste, leur aide était mutuelle. Pradon dira des deux amis.

À défendre Boileau Racine est toujours prêt ;
Ces rimeurs de concert l’un l’autre se chatouillent
Et de leur fade encens tour à tour se barbouillent.

Racine avait des défauts de_ caractère : il était « railleur, inquiet, jaloux et voluptueux ». Boileau le mettait en garde contre son penchant à la raillerie, calmait ses inquiétudes, lui montrait qu’il n’avait à envier personne, et, s’il assistait avec un calme indulgent aux « diableries », comme disait Mme de Sévigné, dont Racine prenait sa part, si, pendant longtemps, il ne faisait pas grand effort, semble-t-il, pour le détacher de Mlle du Parc ou de Mlle Champmeslé, il dut, le moment venu, l’aider à se ranger, et nous le verrons témoin de son mariage.

Il maintenait Racine dans le « tragique », pour lequel il était fait, en l’éloignant du « satirique », vers lequel il était porté. Si Boileau n’était pas toujours bien inspiré dans ses conseils et si, deux ou trois fois, nous aurions beaucoup perdu à ce que Racine les suivît, Racine dut à Boileau l’habitude de la composition attentive et sévère. Peut-être apprit-il de lui la méthode de travail que nous révèle le plan en prose du premier acte d’une Iphigénie en Tauride. Louis Racine nous dit :