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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/68

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RACINE.

pour ne pas croire qu’une pièce qui les touche et leur donne du plaisir puisse être absolument contre les règles… Toutes ces règles sont d’un long détail, dont je ne leur conseille pas de s’embarrasser. Ils ont des occupations plus importantes. »

Ses meilleurs amis faisaient eux-mêmes des réserves. Chapelle résumait la pièce en deux vers de chanson :

Marion pleure, Marion crie,
Marion veut qu’on la marie.

Boileau déclarait « qu’il eût bien empêché son ami de se consumer sur un sujet aussi peu propre à la tragédie que Bérénice, s’il avoit été à portée de le dissuader de promettre qu’il le traiteroit ».

Racine ripostait directement, avec une vigueur cinglante, à un petit écrit, minutieux et pédant, de l’abbé de Villars. Quant au peuple des critiques, il leur témoignait son mépris avec une impatience et une dureté qui n’ont pas été dépassées :

Toutes ces critiques sont le partage de quatre ou cinq petits auteurs infortunés, qui n’ont jamais pu par eux-mêmes exciter la curiosité du public. Ils attendent toujours l’occasion de quelque ouvrage qui réussisse pour l’attaquer. Non point par jalousie. Car sur quel fondement seroient-ils jaloux ? Mais dans l’espérance qu’on se donnera la peine de leur répondre, et qu’on les tirera de l’obscurité où leurs propres ouvrages les auroient laissés toute leur vie.

À la rentrée de Pâques 1670, une jeune actrice d’origine rouennaise, Mlle des Mares, femme du comédien Champmeslé, était entrée avec son mari à l’Hôtel de Bourgogne. Elle y débutait par le rôle d’Hermione, celui-là même que Mlle du Parc avait