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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/71

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CARRIÈRE THÉÂTRALE.

« de lui donner un rôle où toutes les passions fussent exprimées ; M. Racine chercha quelque temps, et il s’arrêta au sujet de Phèdre. »

Ce qui est aussi certain que le talent de l’actrice, c’est la passion que le poète éprouva pour elle. Louis Racine est encore le seul à la mettre en doute. Dès le début, leur liaison était non seulement publique, mais acceptée. On verra tout à l’heure ce qu’en dit Mme de Sévigné. La Fontaine, écrivant à l’actrice, lui en parle comme de la chose la plus naturelle du monde. Bien longtemps après, Boileau rappelait à Racine les nombreuses bouteilles de vin de Champagne bues par le mari de l’actrice, « vous savez, ajoutait-il, aux dépens de qui ».

Mlle Champmeslé, facile à Racine, l’était à nombre d’autres en même temps ; quant à son mari, le joyeux amateur de Champagne, c’était le plus accommodant des hommes. Une épigramme d’une extrême liberté, que Boileau fit sur un mot de Racine, montre Champmèslé vivant dans les meilleurs termes avec sa femme et le sixième

De six amants contents et non jaloux.

Outre Racine, ces « six amants » étaient, successivement ou ensemble, le comte de Revel, le marquis de la Fare, le comte de Clermont-Tonnerre et Charles de Sévigné. Au milieu de ces multiples intrigues, la comédienne évoluait avec beaucoup d’adresse. À la suite d’une conversation avec M. de Revel, Mme de Sévigné écrivait : « Les manœuvres de la Champmeslé, pour conserver tous ses amants, sans préjudice des rôles d’Atalide, de Bérénice et de