Aller au contenu

Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prévu avec autant d’exactitude. Les détails du passage ne sont pas moins admirables.

« Le 4 juillet, à une heure après midi ; on reçoit l’ordre de traverser le soir même. Tout avait été parfaitement préparé, les passages étaient multipliés, la direction de chaque corps jalonnée à l’avance ; aussi tout fut exécuté avec la plus grande promptitude et dans le plus grand ordre. Jamais une armée aussi nombreuse n’avait aussi rapidement traversé tant de défilés et formé son ordre de bataille. En une nuit, elle se trouva rangée de l’autre côté du Danube, quand son ennemi surpris la croyait encore dans ses cantonnements. Du temps de Turenne et de Condé, on n’eût pas cru la chose possible ; du temps de Villars et de Vendôme, on y eût employé plusieurs jours, peut-être, sans y parvenir ; enfin, du temps de Frédéric, à peine ce grand capitaine aurait-il espéré y réussir avec sa bonne armée. Nos adversaires, dans la plus belle plaine du monde, passaient des demi-journées à se mettre en ordre de bataille, etc.

« Napoléon ayant deux ponts à son extrême gauche, dont le premier sur pilotis, à l’abri de tout accident, devant servir de ligne de communication pour l’armée, voulut avoir un autre pont comme de réserve à son extrême droite ; il se ménageait ainsi, pour tous les cas, la possibilité de manœuvrer, par les deux extrémités du saillant de Lobau, le plus près possible des grands bras du Danube. C’est par ce dernier pont que commença la grande opération.

« À neuf heures, du soir, vers l’embouchure du bras de Lobau, dans le grand Danube, Oudinot fait embarquer quinze cents voltigeurs dans