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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/137

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Il avait deux ou trois régiments qu’il a culbutés les uns sur les autres, et le tout a été se perdre dans des buissons. J’aurais voulu avec cinquante maîtres (cavaliers dans le temps passé) seulement le faire prisonnier lui et tous les siens. Réputation usurpée ! répétait-il. Aussi Moreau n’a cessé de dire que c’était à l’Allemagne qu’il l’attendait. On parle de guerre avec l’Autriche ; si elle a lieu, nous verrons comment il s’en tirera. On nous en fera justice. »

« La guerre eut lieu, et Votre Majesté en très peu de jours nous envoya le bulletin d’Ulm, celui d’Austerlitz, etc. ; notre monsieur reparut dans notre cercle, et pour le coup, malgré toute notre malveillance, nous nous écriâmes tous à la fois : « Et vos cinquante maîtres ? – Oh ! ma foi, dit-il, on n’y entend plus rien ; cet homme déroute tout, la fortune le mène par la main ; et puis ces Autrichiens sont si lourds, si bêtes !… »

L’empereur riait beaucoup, et me demandait quelque chose de plus fort encore. « Sire, cela devient bien difficile ; cependant il me revient encore une vieille douairière qui est morte avec l’obstination de n’avoir pas voulu croire à aucun de vos succès en Allemagne. Quand on parlait devant elle d’Ulm, d’Austerlitz, de votre entrée à Vienne : Et vous croyez cela, vous autres ? disait-elle, haussant les épaules. Tout cela est fabriqué par lui. Il n’oserait pas mettre le pied en Alle-