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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/141

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solennels. Il s’est trompé ; mais cette erreur fera à jamais rougir les vrais Bretons ; et, dans la génération actuelle comme dans les générations futures, elle sera une preuve de la déloyauté de l’administration anglaise. Des commissaires autrichien et russe sont arrivés à Sainte-Hélène ; si leur mission a pour but de remplir une partie des devoirs que les empereurs d’Autriche et de Russie ont contractés par le traité du 2 août, et de veiller à ce que les agents anglais, dans une petite colonie, au milieu de l’Océan, ne manquent pas aux égards dus à un prince lié avec eux par les liens de parenté et par tant d’autres rapports, on reconnaît dans cette démarche des marques du caractère de ces deux souverains. Mais vous avez, Monsieur, assuré que ces commissaires n’avaient ni le droit ni le pouvoir d’avoir aucune opinion sur tout ce qui peut se passer sur ce rocher.

« Le ministère anglais a fait transporter l’empereur Napoléon à Sainte-Hélène, à deux mille lieues de l’Europe. Ce rocher, situé sous le tropique, à cinq cents lieues de tout continent, est soumis à la chaleur dévorante de cette latitude ; il est couvert de nuages et de brouillard les trois quarts de l’année ; c’est à la fois le pays le plus sec et le plus humide du monde. Ce climat est le plus contraire à la santé de l’Empereur. C’est la haine qui a présidé au choix de ce séjour comme aux instructions données par le ministère anglais aux officiers commandant dans ce pays : on leur a ordonné d’appeler l’empereur Napoléon général, voulant l’obliger à reconnaître qu’il n’a jamais régné en France, ce qui l’a décidé à ne pas prendre un nom d’incognito, comme il y était résolu en sortant de France. Premier magistrat à vie de la république, sous le titre de Premier Consul, il a conclu les préliminaires de Londres et le traité d’Amiens avec le roi de la Grande-Bretagne. Il a reçu pour ambassadeurs lord Cornwalis, M. Merry, lord Withworth, qui ont séjourné en cette qualité à sa cour. Il a accrédité auprès du roi d’Angleterre le comte Otto et le général Andréossi, qui ont résidé comme ambassadeurs à la cour de Windsor. Lorsque, après un échange de lettres entre les ministères des affaires étrangères des deux monarchies, lord Lauderdale vint à Paris muni des pleins pouvoirs du roi d’Angleterre, il traita avec les plénipotentiaires munis des pleins pouvoirs de l’empereur Napoléon, et séjourna plusieurs mois à la cour des Tuileries. Lorsque depuis, Châtillon, lord Castlereagh signa l’ultimatum que les puissances alliées présentèrent aux plénipotentiaires de l’empereur Napoléon, il reconnut par là la quatrième dynastie. Cet ultimatum était