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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/177

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papiers fournis par Sidney-Smith, était tel qu’il ne doutait pas que l’ennemi n’eût franchi les Alpes, et n’occupât déjà plusieurs de nos départements méridionaux. Aussi, quand on approcha d’Europe, fit-il gouverner sur Collioure et le Port-Vendre, dans le fond du golfe de Lyon. Un coup de vent l’en repoussa, et le fit rabattre sur la Corse. Alors on entra à Ajaccio, où l’on se procura les nouvelles.

Ganthaume me disait avoir vu là la maison de famille, le salon patrimonial de Napoléon.

La célébrité du compatriote ajoutait-il, avait mis aussitôt toute l’île en mouvement ; il pleuvait une nuée de cousins, la rue en était pleine, encombrée.

En remettant à la voile, on gouverna cette fois vers Marseille et Toulon ; mais au moment d’aborder on se crut encore perdu. Sur le flanc gauche du vaisseau, lors du coucher du soleil, et précisément dans ses rayons, on compta jusqu’à trente voiles qui arrivaient vent arrière. Ganthaume, dans son effroi, proposa au général d’armer le grand canot de la frégate de ses meilleurs matelots, et d’essayer, à la faveur de la