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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/213

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fut aussi grand que celui qui avait été opéré par les principes mêmes de cette révolution : il y eut une nouvelle Église ; les diocèses de Vienne, de Narbonne, de Fréjus, de Sisteron, de Reims, furent remplacés par soixante nouveaux diocèses dont le territoire fut circonscrit dans le nouveau concordat par de nouvelles bulles appropriées à l’état actuel du territoire. La suppression des ordres religieux, la vente des couvents et de toutes les propriétés du clergé furent sanctionnées ; celui-ci fut pensionné par l’État. Tout ce qui était le résultat des évènements qui s’étaient succédé depuis Clovis cessa d’être. Tous ces changements étaient si avantageux au peuple, qu’ils s’opérèrent avec la plus grande facilité, et qu’en 1800 il ne restait plus aucun souvenir ni des anciens privilèges des provinces, ni de leurs anciens souverains, ni des anciens parlements et bailliages, ni des anciens diocèses ; et pour remonter à l’origine de tout ce qui existait, il suffisait d’aller rechercher la loi nouvelle qui l’avait établi. La moitié du territoire avait changé de propriétaires ; les paysans et les bourgeois s’en étaient enrichis. Les progrès de l’agriculture, des manufactures et de l’industrie, surpassèrent toutes nos espérances. La France présenta le spectacle de plus de 30.000.000 d’habitants circonscrits dans des limites naturelles, ne composant qu’une seule classe de citoyens gouvernés par une seule loi, un seul règlement, un seul ordre. Tous ces changements étaient conformes au bien de la nation, à ses droits, à la justice et aux lumières du siècle.


CHAPITRE IV.
Le peuple français élève le trône impérial pour consolider tous les nouveaux intérêts. Cette quatrième dynastie ne succède pas immédiatement à la troisième, mais à la république. Napoléon a été sacré par le pape, reconnu par les puissances de l’Europe. Il a créé des rois. Il a vu marcher sous ses ordres les armées de toutes les puissances du continent.

Les cinq membres du Directoire se divisaient ; les ennemis de la république se glissaient dans les conseils et portaient au gouvernement des hommes ennemis des droits du peuple. Cette forme de gouvernement maintenait l’État en fermentation, et les grands intérêts que les Français avaient conquis dans la révolution se trouvaient sans cesse compromis. Une voix unanime sortit du fond des campagnes, du milieu des villes et du sein des camps, demanda qu’en conservant tous les principes de république, on établît dans le gouvernement un système héréditaire qui mît les principes et les intérêts de la révolution à l’abri des factions et de l’influence de l’étranger. Le premier Consul de la république, par la