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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/228

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Comme j’étais en train de raconter, je lui ai cité sur le sujet une autre anecdote qui avait fait encore l’amusement de nos salons. On disait que, dans je ne sais quelle circonstance, un régiment ayant perdu son Aigle, lui, Napoléon, le haranguant à ce sujet avec beaucoup d’indignation sur ce qu’il avait eu le déshonneur de laisser enlever son Aigle par l’ennemi, un soldat gascon s’était écrié : « Mais ils se sont attrapés ; ils n’ont eu que le bâton, car voilà le coucou, je l’avais mis dans ma poche, » montrant effectivement l’Aigle. L’Empereur n’a pu s’empêcher d’en rire, et a dit : « Eh bien ! je ne garantirais vraiment pas qu’il ne soit en effet arrivé quelque chose de la sorte ou approchant. Mes soldats étaient fort à leur aise, très libres avec moi. J’en ai vu souvent me tutoyer. » Je racontais qu’on nous avait dit qu’à Iéna, je crois, ou ailleurs, la veille d’une bataille, parcourant certains postes, fort peu accompagné, un soldat lui avait interdit le passage, et s’était fâché de le

    seront toujours placés à côté de l’Aigle ; ils sont nommés par nous et ne peuvent être destitués que par nous. »
        Deuxième décret du 25 décembre 1811. (Berriat, Législation militaire, 1er vol., p 422.) « Le deuxième et le troisième Porte-Aigle auront un casque et des épaulettes défensives ; ils seront armés d’un épieu avec flamme, ou esponton de parade et de défense, avec une paire de pistolets. »
        Ainsi, et je me plais à le redire, parce que je ne saurais trop le répéter, toutes les fois que les circonstances m’ont conduit à vérifier jusqu’aux moindres parties d’une conversation journalière, bien qu’elle fût parfois abondante et souvent des plus négligées, j’ai eu lieu de me convaincre que le tout en était de la plus stricte vérité.