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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/234

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c’est à l’historien, au critique seul, à me redresser ou à me combattre. Du reste, cette relation se trouve dans tous les journaux, dans tous les ouvrages, dans tous les pays. Celle-ci ne saurait donc avoir rien de bien neuf, seulement elle a été recueillie de la bouche de Napoléon. Je réunis ici ce qu’il en a dit en différents moments.

Napoléon vivait à l’île d’Elbe sur la foi des traités : il apprend qu’il est question au congrès de Vienne de le déporter hors de l’Europe ; on n’observait avec lui aucun des articles de Fontainebleau, les papiers publics l’instruisaient de la disposition des esprits de France ; son parti fut pris. Il en garde le secret jusqu’aux derniers moments ; tout se prépare, sous un prétexte ou sous un autre. Ce n’est qu’en se trouvant à bord que les soldats conçurent les premiers soupçons, et mille ou douze cents hommes et quelques esquifs mettent à la voile pour aller tenter la repossession d’un empire de trente millions d’hommes !!!

Il y avait près de cinq ou six cents hommes sur le brick où Napoléon s’embarqua ; c’était, disait-il, l’équipage d’un 74. On fut rencontré par un brick de guerre français avec lequel on parla. On a prétendu que le capitaine du brick français avait reconnu les figures, et avait crié trois fois en se séparant : Bon voyage ! Quoi qu’il en soit, l’officier qui con-