Aller au contenu

Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des soldats. On les a trouvés, au besoin, matelots, soldats, artilleurs, pontonniers, tout. Si, dans la marine, au lieu d’avoir des obstacles à combattre, j’avais rencontré quelqu’un qui eût abondé dans mon sens et devancé mes idées, quel résultat n’eussions-nous pas obtenu ! mais sous mon règne, il n’a jamais pu s’élever dans la marine quelqu’un qui s’écartât de la routine et sût créer. J’aimais particulièrement les marins, j’estimais leur courage, j’estimais leur patriotisme ; mais je n’ai jamais pu trouver entre eux et moi d’intermédiaire qui sût les faire agir et les faire mériter, etc., etc. »


Organisation impériale ; préfets, auditeurs au Conseil d’État ; motifs des gros appointements ; intentions futures, etc..


Jeudi 7.

Napoléon, parlant de son organisation impériale, disait qu’il en avait fait le gouvernement le plus compacte, de la circulation la plus rapide et des efforts les plus nerveux qui eût jamais existé : « Et il ne fallait rien moins que tout cela, remarquait-il, pour pouvoir triompher des immenses difficultés dont nous étions entourés, et produire toutes les merveilles que nous avons accomplies ; l’organisation des préfectures, leur action, les résultats étaient admirables et prodigieux. La même impulsion se trouvait donnée au même instant à plus de quarante millions d’hommes ; et, à l’aide de ces centres d’activité locale, le mouvement était aussi rapide à toutes les extrémités qu’au cœur même.

« Les étrangers qui nous visitaient, et qui savaient voir et juger, en étaient émerveillés. Et c’est à cette uniformité d’action, sur un aussi grand terrain, qu’ils attribuaient surtout ces prodigieux efforts, ces immenses résultats, qu’ils avouaient n’avoir pas pu comprendre jusque-là.

« Les préfets, avec toute l’autorité et les ressources locales dont ils se trouvaient investis, ajoutait l’Empereur, étaient eux-mêmes des empereurs au petit pied ; et comme ils n’avaient de force que par l’impulsion première dont ils n’étaient que les organes, que toute leur influence ne dérivait que de leur emploi du moment, qu’ils n’en avaient point de personnelle, qu’ils ne tenaient nullement au sol qu’ils régissaient, ils avaient tous les avantages des anciens grands agents absolus, sans aucun de leurs inconvénients. Il avait bien fallu leur créer toute cette puissance, disait l’Empereur. Je me trouvais dictateur, la force des circonstances le voulait ainsi ; il fallait donc que tous les filaments