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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/738

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à la gloire, il eût pris part à nos succès. Combien de fils a le prince de Canino ? » Je le lui dis. « De filles ? » Je le lui dis encore. « Qui avez-vous vu pendant que vous étiez à Rome ? » Je nommai les personnes que j’avais fréquentées. « Le cardinal est-il toujours amateur ? Court-il encore les tableaux ? — Il en reçoit tous les matins par voitures. Il les passe en revue dans son antichambre, achète les uns, déprécie les autres. Cette passion lui coûte des sommes immenses. — Quand êtes-vous parti de Rome ? — Le 25 février. — Madame Letizia vous a-t-elle remis beaucoup d’argent ? — Deux cents napoléons et une traite de douze mille francs sur son banquier de Londres. — C’est, je crois, la plus riche de la famille. Je lui reprochais toujours d’être trop bornée dans ses dépenses. En passant à Parme avez-vous vu Marie-Louise ? — Elle était partie, et nous avions l’ordre de ne pas faire connaître notre mission. — Savez-vous si elle est en relation avec ma mère ou quelque personne de ma famille ? — Madame Mère lui a écrit deux fois sans recevoir de réponse. — C’est qu’il ne lui est pas permis d’en faire. Quelles sont les personnes que vous avez vues dans le cours du voyage ? » Je les lui nommai et lui rapportai ce qu’elles m’avaient dit. « Avez-vous vu à Francfort la princesse Julie ? — « Elle m’a reçu avec toute la bonté qui la caractérise. — Ses deux filles, comment sont-elles ? — Grandes, belles, fraîches comme des roses. — Je crois que l’une d’elles épouse un des fils de Lucien ; n’en avez vous rien entendu dire ? — La princesse m’a fait une multitude de questions sur l’aîné. Je m’expliquai facilement un intérêt si vif. — J’avoue que c’est un mariage qui me ferait plaisir. Vous avez donc été bien accueilli ? — On ne saurait mieux. — C’est la femme la plus délicate que je connaisse ; on n’a pas un meilleur cœur. Vous avez vu Las Cases ? -— Oui, Sire. — Comment va-t-il ? — Il est gravement malade.— Avez-vous vu son fils Emmanuel ? — Il était à Strasbourg. — Les prêtres m’ont dit, je crois, que vous n’aviez rencontré aucun obstacle dans votre voyage de Rome à Londres ? — Aucun, Sire. — Quand êtes-vous arrivés à Londres ? — Le 19 avril. —Combien de temps y êtes-vous restés ? — Nous n’en sommes sortis que le 9 juillet. — Qui y avez-vous vu plus particulièrement ? — Des médecins, des gens de l’art, ceux surtout qui ont exercé sous les tropiques. — Quand vous êtes-vous présenté à lord Bathurst ? — Le surlendemain de notre arrivée. — Quelles questions vous a-t-il faites ? — Il nous a parlé de Rome, du cardinal, de Madame Mère, du prince de Canino, et nous a demandé s’ils croyaient réellement que vous fussiez malade. — Que