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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/782

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Nos dispositions étaient faites pour creuser un bassin ; l’Empereur était en large pantalon, en veste, avec un énorme chapeau de paille de Bengale sur la tête, et des espèces de sandales aux pieds. Je le suivis vers une troupe de Chinois, appelés pour donner un dernier coup de main. Ils nous examinaient, riaient, mais devenaient moins bruyants à mesure que nous nous avancions. « Qu’ont-ils donc ? qu’est-ce qui les égaye ? serait-ce mon costume ? — C’est probable, dis-je ; ils s’étonnent de vous voir vêtu en ouvrier comme eux. » Mis à l’ouvrage, ils se continrent quelques instants ; mais la gaieté l’emporta bientôt, et devint si générale, qu’elle gagna Napoléon lui-même. « Qu’ont-ils donc ? que disent-ils ? » Aucun de nous ne comprenant le chinois, nous ne pûmes lui répondre. « C’est mon costume ! il est en effet assez plaisant. Mais il ne faut pas qu’en riant ils soient brûlés parla chaleur ; je veux que chacun d’eux ait aussi son chapeau de paille, c’est un petit cadeau que je leur fais. » Il s’éloigna, se dirigea vers une touffe d’arbres. Nous croyions qu’il était allé chercher le frais lorsque nous l’aperçûmes qui était à cheval, suivi de son piqueur. Il fit quelques tours, partit au galop, et gagna Dead-Wood. Il s’arrêta au sommet de la position, déploya sa lunette, la promena tout autour de lui, et revint