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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/801

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les baissait, me regardait de temps en temps, me fixait sans proférer un mot. A la fin il me tendit son bras. Le pouls était faible, irrégulier ; je lui conseillai de prendre un peu d’eau de fleur d’orange. Il ne parut pas m’avoir entendu. Je le pressai de sortir, d’aller respirer l’air au jardin. « Croyez-vous, me dit-il d’une voix basse et altérée, qu’il puisse me retirer de l’état d’oppression où je suis ? — Je le pense, Sire : mais je supplie Votre Majesté de faire en même temps usage de la boisson que je lui propose. » Il y consent. Les soupirs deviennent moins fréquents et moins profonds. Il éprouve un peu de hoquet : je lui présente le verre, il boit une seconde fois et se trouve soulagé. « Vous voulez donc que j’aille au jardin ? Eh bien, soit. » Il se leva avec effort et s’appuya sur mon bras. « Je suis bien faible, mes jambes chancelantes ont peine à me porter. »

La journée était magnifique, nous gagnâmes le berceau, il essaya de faire quelques pas ; mais les forces manquaient ; il fut obligé de se placer sur un siége qui se trouvait auprès de nous. « Ah, docteur ! me dit-il, comme je suIs fatigué !… Je sens que l’air que je respire me