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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/832

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entendre : c’est une suite d’outrages dignes de la main qui me les prodigua ; rendez tout, n’omettez pas un mot.

« J’étais venu m’asseoir au foyer du peuple britannique ; je demandais une loyale hospitalité, et, contre tout ce qu’il y a de droits sur la terre, on me répondit par des fers. J’eusse reçu un autre accueil d’Alexandre ; l’empereur François m’eût traité avec égard ; le roi de Prusse même eût été plus généreux. Mais il appartenait à l’Angleterre de surprendre, d’entraîner les rois, et de donner au monde le spectacle inouï de quatre grandes puissances s’acharnant sur un seul homme. C’est votre ministère qui a choisi cet affreux rocher, où se consomme en moins de trois années la vie des Européens, pour y achever la mienne par un assassinat. Et comment m’avez-vous traité depuis que je suis exilé sur cet écueil ? Il n’y a pas une indignité, pas une horreur dont vous ne vous soyez fait une joie de m’abreuver. Les plus simples communications de famille, celles même qu’on n’a jamais interdites a personne, vous me les avez refusées. Vous n’avez laissé arriver jusqu’à moi aucune nouvelle, aucun papier d’Europe ; ma femme, mon fils même n’ont plus vécu pour moi ; vous m’avez tenu