Aller au contenu

Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/926

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portant quatre colonnes à chapiteau d’ordre corinthien, sur lesquelles posait le couronnement du catafalque. Au-dessus des socles, une coupole brillante en forme de dôme, décorée à l’intérieur en satin blanc, et entièrement dorée ; à l’extérieur, tout autour, des faisceaux d’étendards, et au-dessous même de la coupole, une représentation exacte du cercueil qui renferme les restes de Napoléon. (La partie inférieure du catafalque avait été disposée pour recevoir le véritable cercueil.) Enfin, une immense aigle d’or de 3 mètres 30 centimètres d’envergure planant au-dessus du catafalque. A droite et à gauche, où sont les tombeaux de Turenne et de Vauban, des tribunes tendues de velours noir, destinées aux Chambres des Pairs et des Députés, au Conseil d’État, à la Cour de cassation, à la Cour royale, etc. Derrière le catafalque, diverses tribunes pour les dames invitées. Au fond, adossé à la grande porte, un autel pour la célébration de l’office. La pièce du fond d’autel toute en dentelle d’or appliquée sur velours noir. A droite de l’autel, la tribune du Roi, tendue de velours violet à palmettes d’or, et formée d’un baldaquin en velours écarlate surmontant le trône royal. Enfin, un tapis de pied violet, parsemé d’abeilles d’argent, régnant dans toute l’étendue de la nef et de l’église, même à l’emplacement de l’antique autel des Invalides, cet autel ayant été enlevé pour ne pas gêner le coup d’œil, et afin de laisser apercevoir, même de la nef, l’effet du dôme et l’ensemble de la cérémonie.

Dès sept heures du matin, les vastes amphithéâtres construits des deux côtés de l’esplanade se couvrirent de spectateurs, que la certitude d’une attente de huit heures au moins, par un froid de dix degrés, ne décourageait pas. Une longue file de personnes vêtues de deuil se formait près des fossés, à droite de la porte, et s’étendait jusqu’à la rue de Bourgogne.

A onze heures les portes s’ouvrirent ; malgré tous les efforts, la foule ne put être contenue, et les tribunes furent bientôt envahies, surtout dans l’intérieur de l’église.

Vers onze heures et demie arriva la Chambre des Députés, précedée par les différents membres de l’ordre judiciaire. La Chambre des Pairs se présenta un peu plus tard. Les grands corps de l’État pénétrèrent difficilement jusqu’à l’église, tant la foule était compacte et pressée au dehors. Une fois le chemin frayé, ils furent bientôt suivis par les députations civiles et militaires et les fonctionnaires de tous les rangs, qui prirent place dans l’ordre suivant : Au fond du dôme, derrière le catafalque, et au-devant de l’autel, Monseigneur