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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/135

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neur ou comme un faquin. Les plus pauvres gens ont une telle horreur pour les voyages a pied, que quand la misere les y contraint absolument, ils voyagent la nuit, crainte d’être vu. Si, près des villes a manufactures, on rencontre quelques ouvriers, c’est avec un petit paquet a la main, dans un mouchoir de soye, mais jamais rien sur leurs épaulles, ainsi q’en Allemagne et en France, ou quelques fois des gens riches ne dédaignent pas de se rapeller qu’ils ont des jambes. — Quoiqu’il en soit, après une assez froide réception, que j’eusse fait sécher mes habits de mon mieux, et que je me fus un peu délassé, je fus sur le pas de la porte prendre l’air. Un homme qui avait paru fort s’appitoyer sur mon sort quand j’étais auprès du feu, après quelque questions, (moitié Anglais, moitié Français ; car quoique ce ne fut que mon quatrieme jour d’exercise, je commençais deja a entendre), sur l’endroit ou je voulais aller, auxquelles pourtant je ne répondis que Bristol ; pensant que la misere seule pouvait engager a faire une telle route a pied, avec beaucoup de bonhommie m’offrit un shelling ! Quoique je sentis la bonté du procedé, comme dans l’abyme ou nous sommes tom-