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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/142

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savent plus qu’en faire. On m’a assuré que c’était un spéctacle cruel, que celui des moribonds poulmoniques que l’on rencontre a la pompe, et aux autres places publiques. On va souvent aux autres eaux pour les amusemens qui s’y trouvent ; ici on vient pour mourir. Cependant elles conservent toujours la réputation d’être bonnes pour la poitrine, quoique dans le fait elles ayent bien peu de vertu, si on juge par l’apparence, car elles n’ont presque point de gout, et sont plus froides que chaudes ; mais le malade se flatte, et meurt en se noyant d’eau.

Suivant le cours de la riviere, j’arrivai avec beaucoup de peine, après un long circuit, et par un sentier rabotteux, jusqu’a l’endroit ou elle se jette dans la Severne. La je fus bien recompensé de ma peine, par l’immensité du coup d’œil qui s’offrit a moi. L’embouchure de la Severne peut avoir neuf a dix mille de large dans cet endroit. On apperçoit sans beaucoup de peine, a l’autre bord, les montagnes du pays de Galles, qui ajoutent beau coup a la scéne par leur élévation. A l’ouest l’œil se perd dans la mer d’Irlande, tandis qu’a l’est on apperçoit la riviere se rétrécissant insensiblement,