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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/154

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en mer, et qui n’était a Liverpool que depuis deux ou trois. J’eus la curiosité de voir les gens de l’équipage, et je le priai de vouloir bien me conduire a la prison, éspérant qu’ils pourraient m’instruire de quelques particularités touchans mon malheureux pays, et peutêtre aussi les parens que j’y avais laissés ; il y consentit de très bonne grace, et nous nous rendimes a la nouvelle prison, dont il me fit ouvrir les portes.

Quand je me trouvai au milieu des sans culottes j’avoue que ma contenance fut un peu embarrassée ; pourtant je m’avanturai a les questionner, mais je pus m’appercevoir bien vite par leur reponses, qu’ils savaient a qu’ils avaient affaire : Ils me firent les choses encore plus mauvaises, qu’elles n’étaient ; aussi je me retirai promptement ayant eu la précaution de ne pas donner mon nom. Officiers, soldats, matelots, mousses, suivant les loix de l’égalité qu’ils reclament sont tous renfermés, et reçoivent six pences par jour pour leur subsistance.

Apres avoir remercié mon conducteur dont le pere eut la complaisance de m’introduire a sa famille, avec laquelle je passai deux ou trois agréables soirées, dont je sentis bien mieux le prix après