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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/155

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ma longue marche et ma longue abstinence de societé ; je partis dans la même voiture qui m’avait apporté a Liverpool, et dirigai ma course vers Manchester, ou sans malencontre, mon bâton a la main, j’arrivai modestement le second jour ; comme il se trouvait être un dimanche, bien instruit par la leçon que j’avais reçu a Bath, j’eus la précaution, avant d’entrer dans la ville, d’oter la poussiere de dessus mes bottes, et de mettre de la poudre sur mes cheveux, de sorte que personne ne parut me remarquer ! quand il est si aisé de contenter les gens, on aurait tort de ne le pas faire.

Je fus ici parfaitement reçu par Messrs Rawlinson et Alberti ; bon diner, bon vin, bonne figure d’hote, et le concert après. Les gens de ce pays, malgré toutes leurs honnêtetés, sont d’une jalousie ridicule de leurs manufactures de velours de coton qui sont en tres grand nombre ; ils m’ont laissé voir le roussis du coton, et la maniere dont on coupe les rayes dans le velours, mais non la machine qui fabrique le tissu. J’ai eu beau les assurer en avoir vu une a Nantes qui filait, jusqu’a quatre vingt brins, ils n’ont jamais voulu y consentir, et m’ont seulement dit que la leur allait