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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/216

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d’eviter d’avoir la tête dans le plus épais de la fumée, qui s’élève toujours, et pour comble, ils ne brûlent gueres que de la tourbe, dont l’odeur infect peut être aisément deviné. Ils vivent absolument de laitage, de pommes de terre, et de quelque peu d’un pain d’avoine, qu’ils appéllent cakes, faits, en galétte, ronds, épais d’une ligne, très secs, et ou le son est entièrement. J’ai eu depuis occasion de voir que cela n’était pas particulier aux montagnards ; tous les Écossais en général sont usage de cette sorte de pain, et j’en ai mangé si souvent, que je m’y suis accoutumé, et suis loin de le trouver mauvais.

Ces bonnes gens sont éxtrêmement hospitaliers, et reçoivent l’etranger qui les visite, avec complaisance, sans paroitre aussi surpris de le voir, que l’on pourrait se l’imaginer d’apres le pays. Deux ou trois fois j’ai eu occaston d’entrer chez eux, soit pour éviter la pluie, pour me reposer, ou même par pure curiosité, pour causer avec eux, et voir leur établissement. Sans me faire d’impertinentes quéstions, on me proposait de m’asseoir autour du feu, on m’apportait du petit lait, qui est leur seule boisson, avec quelques peu de leurs cakes, des pommes de terre, ce qu’ils avaient enfin ; et en me retirant,