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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/218

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commençais a être dédommagé de la fatigue de quatre heures de marche, par une vue très étendue, lorsqu’un nuage épais est venu fondre sur moi ; je me vis environné de ténébres, et ne savais plus ou diriger mes pas : Dans cette extrémité, j’appercus un mouton, qui effrayé de l’orage, se glissait avec peine sous une grosse pierre. Instruit par son exemple, j’eus la cruauté de le chasser de sa retraite, et ayant réussi a m’y loger, je tirai mes provisions de ma poche, et attendis en patience l’orage, qui ne tarda pas a tomber avec la derniere violence. Combien de grâces je rendis a la Providence de m’a voir procuré le couvert au sommet d’une telle montagne si loin de toute habitation ! Pourtant après une heure de repos, je fus fort aise de voir que l’orage ayant presque cessé, le tems était redevenu assez clair pour pouvoir se conduire. Prenant pour guide le premier ruisseau que je rencontrai, je me trouvai conduit du coté du lac, et arrivai a une petite auberge sur ses bords. Dans ma course j’avais perdu ma montre, m’en étant bien vite apperçu, apres mon arrivée, je suis retourné sur mes pas, et ce que je regarde comme peu commun, je l’ai retrouvé a un ou deux milles de la maison.