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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/228

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peuvent non seulement se passer de l’Ecosse, mais encore, fournir au besoins de leur voisins.

Comme j’étais dans ma chambre assez tranquille, la jambe tristement étendue sur un tabouret, maudissant le jour et le moment ou je m’avisai de grimper Ben-lomond ; pour prendre patience plus gaiment, sans songer a rien, je me suis avisé de fredonner, et de sifler par distraction. Tout à coup je vois entrer dans ma chambre ma vieille hotesse, qui d’un air effaré, me dit, Fy for shame, you sing. — Cette femme assurément n’aime pas la musique, me dis-je en moi-même, comme Sofie dans l’Amphytrion de Moliere ; puis, après un moment de silence assez surpris de l’apostrophe, Mais, lui dis-je, quel mal y a-t-il a chanter ? But Sir, repondit-elle, en fermant la fenetre, God forbid to sing on the Sabbath ; ayant une très modéste opinion de mon chant, et n’ayant aucune connaissance des usages du pays, je m’imaginai qu’elle avait pris une tournure honnête pour me dire que je chantais mal, et que je l’importunais, ce qui au fait aurait fort bien pu être, et j’expliquai ainsi son dicton, Dieu défend de chanter aussi mal, et me le tins pour dit, dans la crainte qu’il n’y eut des malades dans la maison.