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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/237

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de distance, non seulement le pays était charmant, mais extrêmement productif. Ainsi la vallée du Tay peut avoir cinquante milles de la culture la plus recherchée. J’avais si bien recruté mes forces de la veille, qu’après m’être reposé un heure a Perth, et m’être promené par la ville, je fis la folie d’en partir, quoiqu'il fut près de cinq heures, et que la distance de vingt un milles fut bien considerable apres les quinze que j’avais déjà fait.

Ce qui m’engageait a me dépêcher si fort c’est qu’une dame m’avait invité a diner a trois semaines de date, et qu’en riant j’avais dit que je voulais faire le tour de l’Ecosse, et revenir au jour indiqué, j’avais a cœur de remplir mon engagement ; ce n’était que le second jour de marche, et je le croyais possible ; mais après cette fatiguante journée j’ai bien vu que l’homme n’est pas comme une montre, qui va toujours sans s’arrêter, et sans se fatiguer. Il était onze heures du soir, harrassé de fatigue, je me trouvais a six ou sept milles de Dundée, dans un village ou tout le monde était couché ; je frappai a coups redoublés a la porte d’une petite berge. Tout le monde dormait, je ne savais trop que faire, et regardais autour de moi, si je ne