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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/280

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habitans, Quoique le pays sembla pauvre, et les maisons miserables, j’étais cependant étonné de l’apparence de satisfaction et d’aisance que je rencontrais partout ; ce qui surtout me frappa c’était de ne point leur voir a mon aspect cet air étonné que souvent dans les pays les plus fréquentés, les gens du commun témoignent a la vue d’un étranger, particulierement quand son habillement et son language differe du leur ; ici, quoique j’eusse des culottes et un chapeau, que je ne dis pas un mot de Gaelic, ils me virent passer sans rire, et sans paroitre surpris de me voir, tandis qu’a Londres un étranger dont les bottes ne feraient pas faites a leur mode, ou qui aurait un chapeau a trois cornes avec une bourse, risquerait d’etre couvert de boue s’il passait dans certains quartiers.

Ma tabatière m’ayant servi d’introduction auprès d’un bon paysan, qui quoiqu’il n’entendit pas un mot d’anglais, paraissait comprendre mes gestes, et y repondait de meme, je cheminai un ou deux milles avec lui, et appris un grand nombre de mots de sa langue par les choses que je lui designais ; ainsi lui ayant montré le soleil, il me dit, grian, la terre, talhman ; ayant tiré quelques miéttes de pain