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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/294

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fumée s’echapait entièrement par en haut. Tel est la force de l’habitude que ces bonnes gens accoutumés au désagrément de la fumée, ne pensent qu’a la chaleur qu’elle leur procure ; en effet, elle est si épaisse, qu’ils en sont envellopés comme d’un manteau.

L’aspect du Black Mount que je traversai ce jour la, est un des plus horribles que j’aye vu ; dans un espace de près de trente milles on ne trouve d’autres maisons que cellés que le roy a fait bâtir pour servir d’auberge, avec un très petit nombre de huttes, au milieu de la tourbe qui couvre presque toute la face du pays, dont les pauvres habitans ne vivent que de laitage et de pomme de terre ; depuis quelques années on y éléve des milliers de moutons qui paissent a l’avanture. Le chasseur y rencontre quelques daims et beaucoup d’oiseaux, comme les moorfowls, tarmegan, &c. On prétend que ce pays était autrefois couvert de bois, mais que pour en chasser les voleurs qui les habitaient on y a mis le feu ; il est sur que dans les ouvertures que l’eau s’est pratiqué dans la tourbe on apperçoit encore, couvert de leur peau, des racines et de gros morceaux de bouleau ou birch-tree, qui est l’arbre le plus com-