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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/63

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rien que ce qui ne peut s’emporter. Cependant toutes leur richésses ne consistaient qu’en quelques bijous et de l’argent comptant. Ce fut a Arlon que la désolation la plus grande, commença a se faire sentir generallement parmi les émigrés ; on voyait que la campagne était manquée, et toute ésperance de retour fermée, quoiqu’il s’en fallait cependant de beaucoup que l’on s’imagina que ce fut pour jamais ; quelque esperance pour la campagne suivante reliait encore, et quoique l’on donnât des passeports a tous ceux qui demandaient a se retirer, cependant l’on ne parlait point encore de licentiement, et un grand nombre, soit par necessité, soit par l’idée d’être employé, restait a leurs étendards ; mais la misere, le chagrin, la fatigue le manque de tout, les humiliations qu’on recevait tous les jours, tant des habitants que des gouverneurs des pays ou nous étions, nous avaient téllcment aigris les uns contre les autres que les égards mutuels, la politesse, l’amitié même étaient bannies, et avaient fait place, a une humeur querelleuse qui se développait présque tous les jours, pour des sujets souvent si ridicules, que même dans ce