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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/64

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temps la on ne pouvait s’empêcher d’en rire lorsque la première colere était passée.

Les paysans nous avaient d’abord fourni les vivres gratis, mais il vint bientôt un ordre d’Arlon de ne rien donner sans payer. Ce pendant le comandant consentit, qu’on nous fournit le couvert et quelque peu de paille d’avoine pour nos chevaux, non plus sur des bons, comme en France, mais sur des reconnaissances, dont la forme nous fut donné pour nous faire entendre que cela nous était accordé par grâce, mais que cela ne nous était point du.

Nous traversames cette partie des Ardennes qu’on appelle Famine, jamais nom ne nous sembla mieux donné, car comme nous suivions le quartier général et une partie de notre armée délabrée, les villages étaient entièrement dépouillés de tout, ou plutôt les paysans cachaient leur vivres, dans la crainte de manquer eux mêmes ou de n’être pas payés. La plus grande partie de ces montagnes, ressemble assez a la Champagne Pouilleuse quoique un peu mieux cultivée, ce qui provient peutêtre de ce que le pays aux environs, n’est pas si bon. Enfin gagnant Marche, la capitale de Famine, nous fumes