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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/73

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se separerent, montèrent sur le garde-fou, se regarderent encore, et se plongerent dans la riviere, qui finit leur peine.

Peut on sans frémir se faire une idée, de plus de douze mille personnes prets a manquer de tout, après avoir joui si longtemps d’un abondant nécéssaire, et même le plus grand nombre de la fortune : Les gardes du Roy et des Princes ne furent pas si malheureux que le reste : Leurs chevaux leurs, ayant été laisse, quoique très faible refsource (ayant vu vendre le tout, sellé et bridé pour un louis ou deux,) cela suffit pour leur faire attendre quelque temps.

L'infanterie fut plus mal partagée, on n’eut pas de honte en les renvoyant de leur donner a chacun environ sept sous de Liege, a peu près quatre pences, que la misere d’un grand nombre les obligea d’accépter. Quelle position peut etre comparable a celle d’un propriétaire, d’un homme riche, obligé par le besoin d’accépter une telle aumône.

Mon sort ne fut pas si miserable ; j’avais tout le temps de la campagne porté dans une ceinture collée sur ma peau, une vingtaine de louis ; et de plus,