Aller au contenu

Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant laquelle le bateau aborda ; mais quel fut l’etonnement de nos Liegois lorsqu’ils apperçurent leur compatriotes, qui en jurant s’émparerent d’eux, et dirent aux autres, que vraisemblablement s’ils avaient été Français, ils eussent mal passé leur temps, mais que leur querelle ne les regardait pas, et sans plus de formalité, ils poussèrent le bateau au milieu de l’eau, après toutes fois avoir enlevé les bateliers ; les émigrés se trouvèrent si heureux d’en être quitte a si bon marché, que la peine de ramer leur parut une douce jouissance. Cependant il y eut plusieurs émigrés qui oserent attendre les patriotes a Liege, et avec la précaution de se tenir caché, quelques uns reussirent a y vivre tranquille, et même n’étant point observés, retournèrent chez eux, mais aussi plusieurs ayant été surpris, furent bien maltraités.

Je ne puis oublier que certain général Eustache, (ci-devant cocher du Maréchal de Noailles) commandant un grand détachement de Carmagnoles a Vezey, a trois lieues de Maestricht, envoya faire ses compliments au citoyen commandant, par son aide de camp, et se prier a diner pour le jour suivant, ce qu’il fit éffectivement éscorté du huit dragons, qui