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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/192

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L’ÉCRIN DU RUBIS

parties obscures à travers ces impalpables culottes qui ne les couvrent même plus, il n’est guère de films qui ne nous en fassent chaque jour l’agréable surprise. Ce ne sont, hélas ! que de rapides instantanés comme ceux que nous dérobons quelquefois par bonne fortune aux heureux hasards de la vie.

Tout ce que dit et tout ce que cèle le regard cerné de khol, les préoccupations qui s’agitent derrière l’impassibilité d’un front pur, le souhait de lèvres saignantes de carmin, la jambe armoriée de son bas brillanté et du mince ruban de sa jarretière, a, sur son talon Louis XV, des impatiences, des abandons, des crâneries, des impertinences en nombre infini pour l’exprimer, le donner à deviner ou le trahir. Toute la volupté des pensées, tous les frémissements de la chair, toutes les licences de l’imagination, la furie du rut, l’anéantissement du spasme, trouvent en elle une expression mille fois plus variée, plus sensuelle et plus perfide que dans le visage. Colonne jumelée en voûte ogivale où grimpe le désir, n’est-elle pas dans sa forme le symbole de l’envoûtement où elle nous tient ?

Voie unique des plus hautes délices, chacun de ses mouvements reste associé à l’image qu’elles évoquent, à l’idée de la volupté où elle conduit, La main, le bras, le sein de la Femme n’ont de vie que dans leur rapport avec l’ensemble du corps. Seules, les jambes ont, ainsi que la figure, le privilège d’une personnalité et d’une