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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/223

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L’ÉCRIN DU RUBIS

le raccourcissement de la jupe eût renforcé sa grâce mutine et provocante de la fantaisie, de la recherche et de l’éclat dont nos dessous eussent composé à hauteur de mollet, ces fonds impénétrables et secrets après lesquels se suspendaient nos émois.

Que la psychologie de la couture ait subi ou déterminé l’évolution qui a si profondément modifié les éléments de la séduction esthétique, jamais, en effet, la beauté de la Femme ne fut l’objet d’une stylisation plus composite et plus factice qu’aujourd’hui. Le sport qui amincit et étire les formes, le dévergondage qui nous a façonnées à toutes les allures garçonnières, un saphisme de dilettanti qui a cessé d’être un opprobre et s’affiche dans les dehors de quelques-unes, les recherches d’une sensualité aiguisée, une avidité de jouissances rares émue par le sérieux de certaine philosophie de l’Androgyne et qui incline à la corruption d’aimer l’éphèbe dans la Femme, toutes ces influences ont inspiré l’idéalisation bizarre que l’Art et la Mode ont réalisée de notre corps. Il nous faut être aussi grandes que minces, à la fois très hautes sur jambes et sans hanches, sans fesses et sans gorge, droites, plates, à peine cambrées, coulées dans un corset de peau qui nous fuselle du sein jusqu’au pli des cuisses.