Aller au contenu

Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
L’ÉCRIN DU RUBIS

Dans son home fleuri, tout respire le péché blotti au creux des coussins sur les divans profonds, tout invite aux alanguissements parmi l’aménagement de retraites discrètes en des pénombres de silence où rode autour des tentures le parfum des extases dont son gousset de pêche musquée sème la griserie. Un loup sur son visage afin de renforcer l’illusion d’un dédoublement de sa personne, elle goûte d’invraisemblables émois à la mise en scène, pour elle seule, de sa beauté et de ses atours. Déesse en sa marche, sultane en son repos, elle se délecte à son propre spectacle comme à celui qu’elle aurait d’une autre, ou dont elle troublerait un de ses amants.

D’un air vague et rêveur, elle essaye des poses.

Les divers temps de son habillage entre les mains de sa soubrette, lui sont comme les stations d’une possession lentement dégustée à travers son image directe ou réfléchie par le miroir.

Elle s’absorbe dans la contemplation du jeu de ses lignes, dans le charme des postures que compose la mobilité de ses membres, durant que tous les jolis voiles qu’on lui présente dans leurs sachets odorants, un à un enchâssent son corps.