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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/30

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L’ÉCRIN DU RUBIS

ne faudra pas dire. Je ne sais pas au juste pourquoi, mais je m’y abandonne de toute ma curiosité d’enfant sensuelle. Cora baise mes cheveux bouclés, ses mains se crispent sur mes mollets ; tandis que je me grise de sa moiteur à l’échancrure de sa manche, je sens sous moi un rythme lent de ses hanches. Subitement elle se lève ; et puis sans que je m’en rende compte, me voici tout-à-coup sous ses jupes. Est-ce moi qui me suis ouvert ce chemin sous la poussée d’un instinct dont je n’ai pas encore conscience ? A-t-elle voulu, à l’approche du plaisir, y mêler le frisson de frôlements innocents et, sous couleur de quelque jeu dont elle veut m’amuser, soulevé jusqu’à sa taille sa robe et englouti sous elle ma frêle personne ? J’étais accolée à sa chair. Comme la plupart des femmes du midi à la belle saison, elle était sans pantalon, et je m’étais glissée sous sa chemise. Je ne saurais après tant d’années analyser mes impressions de ce moment, bien que l’image m’en soit restée très nette. Je sais que mes mains se promenèrent avec ravissement sur cette peau tiède que je me rappelle d’un grain un peu rugueux, mais de consistance ferme, et que je fis le tour des deux magnifiques piliers de mon agréable prison, m’attardant surtout aux rotondités charnues des joues rebondies du fessier dont le sillon incurvé conduisit mes doigts timides jusqu’à la mousse d’un tapis odorant.