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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/60

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L’ÉCRIN DU RUBIS

des entrebâillements soudains de lingerie. Son talon cambrant le mollet, elle allait et venait autour de moi, effleurant mon visage de sa botte tendue dont je captais au passage le bruissement et le léger arôme de cuir de Russie. Haletante d’émoi, je suivais le jeu secret de toutes ces choses qui sont sous la robe et qu’animaient les mouvements du corps. Ces pièces de lingerie qui parlaient si vivement à mon imagination couchées dans l’armoire ou traînant à l’abandon, que tant de fois j’avais interrogées dans l’énigme de leur attrait, elles me faisaient à présent la confidence de leur vie clandestine. J’étais au cœur du mystère, et la vision que j’en avais d’en bas me le livrait avec toute la magie de la figuration symbolique.

Des hauteurs obscures de la taille je les voyais descendre en masses plissées mouvantes le long de deux colonnes effilées sur lesquelles tanguait en une lascive cadence la proéminence des globes charnus. Le fond coulissé d’un pantalon de fine batiste en accusait et dissimulait tour à tour la rondeur, plaquant son tissu quand le jeu de la danse projetait le buste d’Alice en avant et creusait ses lombes, se distendant tout à coup comme un ballon dégonflé quand elle se remettait sur son axe et, en une virevolte pleine de souplesse, oscillant sur sa hanche, rejetait son torse en arrière. Alors dans cette pose qui, de ses talons aux tresses de ses cheveux arquait son corps en demi cercle, les deux volants de broderies