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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/61

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L’ÉCRIN DU RUBIS

anglaises qu’un large trou-trou engrelé de satin blanc coulissait au genou, déplacés de leur aplomb par la saillie du ventre, frayaient à mon regard brûlant, le long de la cuisse, un double cheminement de délices vers l’inconnu de cette affolante conjonction pubienne dont l’échancrure close du pantalon irritait mon désir.

J’aurais voulu m’abstraire dans Alice ou l’abolir en moi, la boire de mes yeux, de ma bouche et de mes doigts ou, engloutie dans les ondes serpentines de sa robe à godets, n’être plus moi-même que le frisson des linges sur sa peau et l’âme de ces enveloppes mystiques dans la garde sacrée qui leur était dévolue.

— Ô Médora, lui dis-je, fais-moi de tes jupes un ombrage à mes rêves ; je ne suis plus que le tapis avide du pied qui le foule, le miroir qui te renvoie l’image du mystère.

Alors Alice enjamba ma tête et s’immobilisant dans la plastique d’une pose dont elle trouvait d’instinct l’harmonie, évasa de ses mains ses jupes ombellifères et enferma ma vision sous le ciel de leurs blanches volutes. Sous le chevauchement du portique de chair qu’élevaient au-dessus de moi, modelées dans leur gaîne soyeuse, ses jambes graciles, je connus l’ivresse de l’ascension de tous mes sens à travers les engrelures de ruban, les entre-deux de filet, les volants festonnés et tuyautés, jusqu’à l’ogive étroite que sous un double juponnage de surah rose et de batiste, le pantalon des-