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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/74

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L’ÉCRIN DU RUBIS

sur sa tête, encanaillent son désir « de bottines bien cambrées »,

De bas blancs sur quels mollets fermes,
Si rieurs et si bandatifs,
Avec en haut, sans fins ni termes,
Ce train d’appâts en pendentifs ».

Les hommes les plus pondérés même n’y résistent pas. Alphonse Karr qui se donna souvent l’air d’un parangon de vertu a succombé lui aussi devant les maléfices de la toilette. « Toute femme, dit-il, peut inspirer des désirs plus ou moins ardents grâce aux obstacles, à une certaine résistance, au mystère des vêtements ». Les attributs de la féminité exerçaient sur Richard Wagner un tel charme qu’il ne pouvait pas toucher sans émotion les effets que ses sœurs se confectionnaient à la maison.

N’est-ce pas Marie Wolstonecraft qui déclare que « le dévouement et l’amour peuvent s’attacher autant aux vêtements qu’à la personne ? » Un fabliau du xiiie siècle n’en faisait-il pas foi déjà en nous contant l’aventure de cette femme mariée qui, à la veille d’un tournoi, envoie une de ses chemises à son amant pour qu’il s’en couvre comme d’un talisman ? Et un autre de ces naïfs récits d’autrefois ne nous montre-t-il pas la maîtresse du châtelain de Coucy parti pour la Croisade, trompant la longue attente de ses ardeurs avec la chemise de son chevalier ? Que de jarretières, de gants, et de rubans