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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/80

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L’ÉCRIN DU RUBIS

taient à garder leurs amants la moitié seulement du souci qu’elles ont eu de leur élégance et de leur coquetterie pour les conquérir. Jadis tout était mis en œuvre par elles pour faire de leur personne une tentation irrésistible. Ce n’est point seulement ce qu’on en voit qu’elles assuraient le mieux pour leur défaite, c’est ce qu’elles en cachaient. Elles savaient le pouvoir magique de la variété dans le costume, car la variété de la forme et de la couleur fait chaque fois de la Femme un être différent. Elles savaient le désir changeant et prompt à se blaser, et s’appliquaient, au printemps de leur liaison, à le tenir en haleine par une succession de mirages lui diversifiant son objet. Et, si sûres qu’elles fussent encore de leur vertu, cette application se portait avec plus de subtilité peut-être sur leurs ajustements secrets, tant elles étaient instruites, par ce qu’elles en avaient éprouvé elles-mêmes, de ce qu’il y a d’appât sensuel dans les derniers voiles. Alors même qu’elles étaient encore résolues à en défendre les approches, elles apportaient au choix de leurs dessous une attention plus méticuleuse qu’à celui de leur robe.

« On reconnaît presqu’à coup sûr, qu’une femme a un amant à l’inspection de ses dessous », notait très judicieusement celle qui a écrit ce Carnet d’une Femme dont M. Pierre de Lano a assuré la publication. « Mariée et fidèle la Femme n’a qu’un relatif souci de sa mise intime, de son luxe invisible. » Mais a-t-elle commis le péché, ou