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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/100

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SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES


… C’est dimanche. Les cloches du Minihy égrènent de jolis sons clairs. Le pâle sourire de l’aube argente le ciel. Groupés dans la cour, a l’entour du puits, les mendiants achèvent leurs ablutions matinales. Sur le toit du colombier, dans le courtil, des pigeons lustrent leurs ailes. Un garçon de ferme, les jambes nues, mène ses chevaux à l’abreuvoir. L’air est frais, léger, avec des transparences bleuâtres qui idéalisent toutes choses. Rien n’a dû changer dans cet horizon depuis les temps où y vécut saint Yves. La rivière dort, à marée haute, en une nappe d’eau blondissante, encadrée d’arbres nains dont la chevelure baigne dans le flot. Des côteaux se succèdent, et s’échelonnent, et fuient, tels que des houles de terres fécondes berçant des villages, des parcs, des vergers, de vastes cultures morcelées à l’infini. Dans la grise lumière des lointains, la silhouette du Goëlo s’estompe délicatement, hérissée de pins grêles aux panaches effrangés et flottants comme la fumée d’un vapeur qui passe.

… À l’église. On vient de célébrer la basse messe ; l’air est imprégné de l’odeur des cires