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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/111

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AU PAYS DES PARDONS

saient, sous les étoiles, sans piquet ni longe, à l’aventure. Par le cadre de la porte, on voyait sur les luzernes blanchies de givre leurs vastes ombres se mouvoir.

La nuit s’écoula, l’aube vint. Primel bénit ses hôtes et, s’adressant à Gralon, il dit

« — Dorénavant, fils, lorsque tu te sentiras le cœur troublé par des tristesses intérieures, réfugie-toi dans la solitude éternelle des choses. Les bois surtout sont tendres à l’homme. Dieu en a tait des asiles sacrés où la paix habite, et l’harmonie du monde s’y révèle. »

… Au soir de cette journée, les voyageurs mettaient pied à terre devant l’abbaye de Landévennec bâtie au bord d’une grève verdoyante, à l’endroit où la rivière d’Aulne débouche dans la rade de Brest. Gwennolé y avait établi ses disciples, trouvant le lieu propice à la prière et à la méditation. La petite communauté formait une espèce de bourg, de colonie, semi-monacale, semi-agricole, chaque religieux ayant sa cellule à part avec un courtil, des fleurs et quelques ruches. Derrière le village, s’étageaient des collines blondes que le