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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/122

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

jusqu’au lendemain, veillé par le prêtre du Christ et par le dernier survivant des ministres de Teutatès. De singulières pensées durent hanter l’Orne de ces deux hommes. Peut être le corps du vieux roi suffit-il a combler l’abîme qui les séparait peut-être, par dessus son cadavre, dans la mélancolie de cette nuit funèbre, les deux formes religieuses de l’antique esprit breton se tendirent-elles la main et communièrent-elles devant la mort, sous le couvert majestueux des bois.

Au point du jour, survint une troupe de cénobites que Gwennolé avait mandés. Ils lavèrent à une source voisine la dépouille mortelle du chef de clan, l’ensevelirent dans une pièce de lin parfumée de verveine, et la chargèrent sur leurs épaules pour la transporter Landévennec où, dans une crypte maintenant effondrée, son sépulcre se voit encore.

Quand ils se furent éloignés, le druide parla :

« — Frère, (car nous avons eu dans le passé de communs ancêtres), celui que nous avons conduit ensemble au seuil des demeures futures m’avait prié d’être auprès de toi l’interprète de ses