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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/123

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AU PAYS DES PARDONS

dernières volontés. Je lui fis promesse de te les aller dire, s’il était nécessaire, jusqu’en ta maison, quoiqu’il me soit défendu par mes dogmes de franchir le cercle enchanté de cette forêt. Ce qu’il désire de toi, le voici : il entend que, par tes soins, une église soit érigée en cette place à la mère douloureuse de ton Dieu, afin que les malades y trouvent guérison et les affligés miséricorde. Un temps fut — j’étais jeune alors — un bloc de granit rouge se dressait ici. Son contact rendait la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, l’espérance aux cœurs en détresse. Puisse le sanctuaire que tu édifieras avoir mêmes vertus ! Ceci est mon souhait, le souhait d’un vaincu résigné au cours changeant des choses, et qui parle sans amertume ni animosité. J’ai dit. »

Gwennolé resta un instant songeur, les yeux baissés à terre.

« — Mais, en ce cas, » s’écria-t-il enfin, ému malgré lui de la belle sérénité du druide, « c’est vous que nous atteignons, vous dont nous envahissons le suprême refuge ! »

« — Oh ! moi !… » fit le vieillard. Et, après