Aller au contenu

Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

un silence, avec un geste de lassitude et de découragement, il ajouta « C’est affaire à mes dieux de me protéger, s’ils existent et s’ils y peuvent quelque chose… »

Puis, montrant le ciel d’un bleu délavé, l’azur limpide et pâle des matins d’octobre :

— « Au fond du mystère que nous situons là-haut il n’y a peut-être qu’un grand leurre ».

Gwennolé, scandalisé, dit sévèrement

« — Croire, c’est savoir. »

Mais, il se radoucit aussitôt ; il se sentait plein de compassion pour cette figure vénérable, dernière épave d’un grand culte sombré :

« — Que ne m’accompagnes-tu à l’abbaye ? Nous avons une cellule pour les hôtes, et nous enseignons la voie du salut. »

« — J’aime mieux les sentiers de ma forêt, » répondit le druide, « ils me sont familiers. Tous les chemins, d’ailleurs, aboutissent au même carrefour. Je te ferai seulement une prière quand tes ouvriers viendront pour bâtir l’église, s’ils trouvaient mes restes pourrissant sur le sol, en