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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/154

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

pardon, s’assied toujours en cet endroit, y passe la nuit, dans cette posture, quelque temps qu’il fasse, et, le lendemain matin, après avoir salué la Vierge, reprend à travers pays son voyage de Juif-errant. »


V


L’unique rue de Rumengol, bordée à gauche par une dizaine de maisons, a droite par le murtin du cimetière, est encombrée de « boutiques », d’étalages en plein vent où scintille aux lueurs des lampes ou des torches le clinquant des chapelets, des médailles, des bagues, des épinglettes, tandis que les dessins pieux des scapulaires d’étoffe se balançent doucement au souffle du soir. Des paysannes sont là, attroupées, s’extasiant devant ces merveilles. Les hommes font cercle de préférence autour du jeu de mil ha kaz[1] si populaire parmi les Bretons, ou rivalisent d’émulation au rude

  1. Sorte de roulette très primitive.