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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/160

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

adopté le mot à tout hasard, sans s’inquiéter autrement de ce qu’il pouvait signifier barde il était, à vrai dire, et par goût et par tempérament.

« — Je n’ai jamais été qu’un chanteur de chansons », m’a-t-il conté bien souvent ; « et tel que je suis né je mourrai. On a voulu m’apprendre toutes sortes de métiers : j’étais impropre à tout, hormis à faire des vers ; cela seul me plaisait, de cela seul j’étais capable. Dans mon enfance, je fus employé à garder les vaches, mais, un matin qu’il soufflait grand vent, je laissai là mes bêtes, et je partis du côté où le vent soufflait. C’était l’année qui suivit ma première communion. Depuis lors, je cours les chemins. Je mange où l’on me donne, je couche où l’on m’accueille. Mais, aux maisons bâties je préfère la maison sans toit, l’auberge de la Belle-Étoile, comme je préfère aussi le gazouillis des oiseaux à la conversation des hommes. »

Aux vacances dernières, étant de passage à Pleumeur, j’allai voir sa veuve, Marie-Françoise Le Moullec, et nous nous entretînmes du mort,