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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/184

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

sur sa crosse, les sandales appuyées à quelque animal héraldique.

Dans l’église, à dix heures. Un peu trop doré, cet Intérieur d’église, trop surchargé d’ornements criards. Il est éclairé vaguement par des cierges qui brûlent derrière un pilier où s’adosse la madone du lieu. Et cette lumière, émanée comme d’une source invisible, cette lumière diffuse est d’une mystique douceur. Elle effleure d’une caresse les coiffes blanches des « prieuses », coiffes de Douarnenez aux mailles fines, coiffes de Carhaix aux fonds aplatis, coiffes de Concarneau pareilles à des raies fraîchement pêchées, coiffes de Châteaulin aux ailes palpitantes, coiffes léonardes bombées comme des vases aux anses grêles et délicates. Dans l’abside, prosterné en cercle devant hs marches de l’autel, un groupe de femmes murmure les ave du rosaire et, de toute l’église, leur répond un plaintif chuchotement. Et cela est d’une poésie troublante, cette interminable oraison qui tout à coup semble s’éteindre et soudain reprend, imprécise toujours et ondulante,