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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/198

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

senter par un père, un mari, un fils ou quelque cousin ? »

« — Hé » prononçe-t-il, « c’est apparemment qu’elles n’ont plus ni l’un ni l’autre. Ils sont nombreux à l’Île, les foyers sans hommes ; et il se couche chaque année bien des Ouessantins dans le grand cimetière où l’on est à soi-même son propre fossoyeur ! »

Du geste, il me montre là-bas l’Océan, — la douce mer rose, voluptueusement étalée sur un peuple de morts…


VII


À petits coups pressés, la cloche tinte. Et c’est le signal d’un remuement universel. Des granges, des étables, des soupentes des auberges se lève une multitude en désordre, visages encore bouffis de sommeil, avec du foin dans les cheveux et des plaques de poussière dans le dos. On se débar-