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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/201

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AU PAYS DES PARDONS

mais sans causer à celle-ci le moindre dommage, bien au contraire : car, son lien ayant été rompu dans la secousse, elle put rejoindre le troupeau avant même qu’on eût eu le temps de s’apercevoir qu’elle y manquât. Par la suite il résulta pour elle de cette aventure quantité d’avantages. Nul ne douta, en effet, qu’elle n’eût été sauvée par un miracle ; on la considéra comme une « protégée » de la Vierge et on la traita avec les égards dus à sa qualité ; elle eut désormais la meilleure litière et le râtelier le mieux garni, et, après avoir vécu dans l’abondance, elle mourut paisiblement de vieillesse, sans avoir connu l’exil des foires lointaines…

Pour se faire une idée de la surprenante variété de notre race, de la diversité de ses types et de la richesse de ses costumes, il n’est que d’assister à la sortie de la messe d’aube, dans le cimetière de Rumengol, le jour du pardon. Toute la Bretagne est rassemblée là comme en un raccourci puissant. Que de reliefs et de contrastes Ici, les Léonards aux grands corps, spéculateurs hardis et fanatiques sombres, nés pour être marchands ou prêtres,