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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/202

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

et dont les lèvres dédaigneuses ne se desserrent volontiers, dit-on, que pour réciter la prière ou pour parler argent. Près d’eux, les Trégorrois, aux yeux vifs et nuancés, à la physionomie ouverte, discoureurs aimables, avec une pointe d’ironie dans leur sourire. Là, les Tran’Doué[1], équipés à la façon des Mexicains d’une veste brodée de jaunes arabesques et d’un pantalon très ample s’évasant au-dessus des chevilles : beaux hommes pour la plupart, la figure encadrée d’un large collier de barbe rousse, ils laissent à leurs femmes les besognes qui déforment, n’ont, quant à eux, d’autre souci que de promener leur fière prestance de mâles à travers les foires et les pardons. Et voici le bleu clair, le bleu azuré des glazik[2] de Cornouailles, où courent en festons les tons d’or de la fleur du genêt. Un peu lourds et pansus, ces Bretons du sud, et joyeux d’une bonne joie matérielle qui éclate dans leurs faces rondes, rases, roses et poupines, dans leur goût

  1. On appelle ainsi, du juron qui leur est familier, les hommes du canton de Pont-Labbé, les maris des Bigoudenn.
  2. Glazik, les hommes vêtus de bleu.