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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/203

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AU PAYS DES PARDONS

des couleurs, des choses voyantes, dans l’allégresse grivoise de leurs chansons. Ils ne font que mieux ressortir l’élégance montagnarde des fils de l’Aré, souples et droits ainsi que des pins, et pareils, dans leur accoutrement de laine brune, à des pasteurs des temps primitifs, — ou la gravité hautaine des forbans de l’Aber, souvent comparés aux pallicares des côtes grecques et qui portent comme eux le bonnet et la fustanelle, grands gars superbes, avec des bras d’une envergure immense et le profil aigu d’un oiseau de mer fendant l’espace.

Debout sur une éminence, sur une sorte de dune herbeuse qui prolonge à gauche le cimetière et au sommet de laquelle se dresse un oratoire, Yann Ar Minouz attaque, de sa voix rauque, la complainte de Plac’hik Eûssa.

À l’Île Eûssa fut une fille,
Jolie et sage comme un ange,

jolie et sage comme un ange,
Et son nom était Corentine.